Culture du Devenir
Comment nommer ce qui viendra après la sacro-sainte Culture du Résultat, ou plutôt quand elle sera dégagée de sa conception uniquement financière, uniquement chiffrée ? Aujourd’hui, questionner celle-ci trop vivement relève du tabou, et sitôt que l’on évoque son « après », on est pris pour un opposant. Il est vrai que la culture du résultat n’est pas encore du passé et que l’on peine encore à y accéder aujourd’hui à certains endroits, mais… regardons l’avenir. Nos habitudes de pensée par écoles – ou chapelles – nous entraînent à confondre post- avec anti- ! Or dépasser ne signifie pas jeter au orties, pas plus que devenir adulte ne fait rejeter l’adolescent que l’on était.
On peut nourrir la philosophie du management avec davantage de socialité et de chaleur. On peut cultiver l’engagement et l’adhésion des membres de l’entreprise, grâce à la conscience de vivre leur propre aventure au travail et de partager amicalement l’insécurité qui fait se lever le matin. On peut étendre cette conscience à la société qui nous relie et à la planète qui nous supporte de plus en plus mal.
Il semble aujourd’hui que c’est plutôt dans certaines PME que cette conscience existe. Dans les Entreprises de taille intermédiaire, dont la moitié sont des filiales de grands groupes, elle peut permettre d’échapper à une spirale trop violente de rachats en série (tu as été racheté toi ? échangent entre eux les salariés. Cinq fois ! Ah, eh bien, moi, neuf !…) Lorsque l’on parle de résilience pour un collectif, c’est bien de cela qu’il est question.
Il semble aussi (on nous l’a rapporté) que pour les jeunes travailleurs Chinois, la notion de devenir est une composante indissociable de l’apprentissage et de l’exercice de son talent. En réalité, passer du résultat au devenir requiert une autre conception du temps, un temps vécu et non plus un temps graphique, spatialisé.