Sélecteurs
Les « sélecteurs » – un concept pratique inspiré par plusieurs courants de recherche (notamment celui de l’épistémologie évolutionnaire, cf Karl Popper, Donald Campbell ou Francis Heylighen), sont la formulation explicite de ce qui nous fait décider dans l’action quotidienne, au niveau individuel et collectif, de manière plus ou moins consciente.
Une façon d’aborder les sélecteurs consiste à essayer de décrire ce qui guide habituellement l’action au sein d’un groupe, comme si l’on se disait :
- « si [telle condition est remplie ou tel résultat est rendu possible] alors [c’est ok, on fait, feu vert, on est heureux…] ». Exemple « si le chef le demande, alors c’est bon, on y va ! » ou encore « Si ça améliore notre image, alors faisons-le ! »
Quand on cherche une grande variété de sélecteurs dans les pratiques d’une équipe, les résultats sont étonnants !
Il faut aussi se poser la question : et si la condition n’est pas remplie, que fait-on ? On laisse tomber, on tire une sonnette, on questionne plus en profondeur ? Avons-nous le choix ? C’est donc une interrogation sur nos politiques et nos marges de liberté.
Comme nous ne sommes pas des machines programmées mais des personnes sensibles et complexes, le fait d’expliciter nos sélecteurs (constatés ou voulus) laisse naturellement place au débat. Remarque : il est souvent plus facile d’exprimer les sélecteurs constatés qui ne nous plaisent pas (ex. « si c’est demandé par quelqu’un qui crie fort, alors on fait… ») que d’exprimer ceux que nous souhaitons ériger en règles d’or.
Dans la production d’un atelier en équipe, les sélecteurs proposés sont plus ou moins « correctement formulés » au plan de la syntaxe. Par ailleurs, certains emportent une large adhésion, tandis que d’autres suscitent des débats quant à leur adoption pour gouverner l’action collective.