Entreprises libérées
(Article rédigé en 2015)
Vous en avez certainement entendu parler. Ce sont en général des PME, mais certaines peuvent compter plusieurs milliers de salariés. De grands groupes industriels comme Michelin se lancent aujourd’hui dans le mouvement.
Il y en a en France, en Europe, aux USA, en Asie… Certaines sont célèbres (Favi, Harley Davidson, Poult, Gore, Lippi, Inov-on) et d’autres moins… J’ai emprunté cette belle image ci-dessous à l’Atelier de Métallerie Industrielle en Ile et Vilaine, que je remercie !
Qu’est-ce qu’un entreprise « libérée » ? C’est une entreprise organisée en direction de ses clients, de façon que le maximum de décisions soient prises par les salariés, qui ont l’information et les moyens d’agir en direct, avec le moins possible de contrôle, mais une forte cohésion et une vision partagée. C’est une entreprise que McGregor aurait dite « de type Y », c’est à dire où l’on croit que la très grande majorité d’entre nous fait de son mieux avec les informations et les moyens dont il dispose. Que nous sommes bien intentionnés et désireux d’apporter une contribution valable et de bonnes idées.
Je vous recommande le blog de la société Inov-on (anciennement Chrono-flex) où l’on trouve une bonne définition en vidéo en une minute, façon Schadoks ! La vidéo est réalisée par Possum Interactive.
Voilà, ça ne parait pas grand chose, mais pour réussir à ce que l’autocontrôle assure vraiment – et de façon rentable – une bonne production, une bonne livraison et de bonnes innovations, il faut de la transparence sur le fonctionnement de l’entreprise, à tous les niveaux, et surtout il faut amener des compétences nouvelles (analyse, animation, décision) à portée de chaque collaborateur. Le bénéfice collatéral – qui n’est pas seulement une fin en soi ni uniquement un moyen de réussir – c’est que les salariés sont plus heureux pendant la journée, donc plus motivés. Or la motivation, ça ne fait pas une différence de +n% sur la productivité, ça fait juste passer le pied du frein à l’accélérateur !
Exemples de décisions prises par les équipiers dans une entreprise libérée :
- Organisation du travail en vue de satisfaire une commande client
- Régulation des temps de télétravail
- Election du chef d’équipe
- Recrutement de nouveaux collaborateurs (y compris le chef d’unité)
- Achat de matériel de production
- Répartition du bonus annuel
Dans les entreprises « non-libérées », on entend souvent dire « La confiance n’exclut pas le contrôle ». C’est faux, car le contrôle, lui, annule la confiance. Cette phrase en forme d’excuse cynique signifie en réalité : « vous pouvez croire à la confiance – cet air de pipeau à l’usage des bisounours – mais croyez-moi, gardez un contrôle strict car, vous le savez bien, c’est vous qui êtes responsable et c’est vous qui paierez si les autres font des erreurs… » En revanche, ce que la confiance demande, c’est le maximum de transparence sur les chiffres de l’entreprise, et le partage des compétences entre fonctionnels et producteurs.
Voilà pourquoi la libération d’une entreprise est un long chemin sur lequel seul un(e) responsable possédant une certaine maturité peut s’engager.
La bonne nouvelle, c’est que beaucoup de dirigeants (surtout dans les PME) ont ça tout au fond d’eux-mêmes, et qu’ils rêvent de laisser parler non seulement leur créativité, mais aussi celles des autres ! Pas vous ?
J’ai eu, en mai 2016, au Ouishare Fest, l’occasion de poser la question à quatre jeunes gens plein d’expérience. C’est par ici.
Appelez-moi si vous voulez en parler : Pascal Jouxtel 06 21 73 23 74
Je me suis posé la question : pourquoi les dirigeants de PME ont-ils une réticence à travailler avec des consultants en management ou en évolution culturelle ? quelques éléments de réponse sur cette autre page.
Pour en savoir plus tout de suite, vous pouvez explorer les ressources mise à votre disposition par mes amis de l’association MOM21, Mouvement pour une Organisation et un Management du 21e siècle. Vous pouvez aussi parcourir le Blog du groupe Inov-On, dirigé/libéré par mon camarade Alexandre Gérard.
Ne manquez pas non plus l’excellent blog de référence « liberté & Cie » de Brian Carney et Isaac Getz, sur lequel je vous recommande la vidéo pédagogique du Capitaine David Marquet, qui vous raconte (en anglais) qu’une « entreprise libérée » peut être une chose aussi étonnante… qu’un sous-marin nucléaire Américain !